L’impact combiné des changements climatiques et des espèces envahissantes

Les changements climatiques rendent les environnements plus vulnérables aux invasions, tandis que les espèces envahissantes peuvent aggraver les impacts des changements climatiques. Ces deux facteurs de stress créent des défis sociaux, économiques et environnementaux complexes.

Les espèces envahissantes aggravent les changements climatiques.

Agropyre à crête


RÉSILIENCE DES ÉCOSYSTÈMES

Les espèces envahissantes rendent les écosystèmes plus vulnérables aux changements climatiques. Par exemple, les plantes envahissantes dans des habitats se réchauffant et s’asséchant peuvent augmenter le combustible pour les feux de forêt, entraînant des incendies plus fréquents et plus graves.

SÉQUESTRATION DU CARBONE

Les écosystèmes diversifiés sont meilleurs pour stocker le carbone dans le sol, ce qui aide à atténuer les changements climatiques. Cependant, les espèces envahissantes contribuent à la perte de biodiversité, réduisant le stockage du carbone. En fait, certaines espèces envahissantes prospèrent dans des environnements avec plus de dioxyde de carbone, créant un cycle qui favorise leur propagation et réduit la capacité des terres à stocker du carbone.

Exemple : Agropyre à crête

L’agropyre à crête, introduit en Amérique du Nord au milieu du 20e siècle, domine désormais les écosystèmes de prairie au Canada et aux États-Unis. Malheureusement, le sol sous cette plante envahissante contient 25 % de carbone en moins que le sol sous les espèces indigènes, contribuant à une importante perte de carbone.

Les espèces envahissantes amplifient les changements climatiques.

Un bateau de pêche dans la mer passant près des icebergs

VOIES ET VECTEURS D’INVASION

Les changements climatiques ouvrent de nouvelles voies pour les espèces envahissantes. À mesure que la glace arctique fond, les routes maritimes s’élargissent, permettant aux espèces envahissantes de faire du stop sur les coques ou dans l’eau de ballast vers de nouvelles régions. Des événements météorologiques extrêmes, tels que des ouragans, peuvent également transporter des espèces envahissantes sur de longues distances.

Exemple : Le passage du Nord-Ouest
Historiquement, une épaisse couche de glace empêchait la navigation dans l’océan Arctique. Cependant, en raison des changements climatiques, le passage du Nord-Ouest s’est ouvert, créant de nouvelles possibilités pour les espèces de voyager entre les régions, tant naturellement qu’à travers des navires de transport.

omble de fontaine

ÉTABLISSEMENT ET PROPAGATION

De nombreuses espèces envahissantes dans les régions tempérées comme le Canada proviennent à l’origine de climats plus chauds. À mesure que les températures augmentent, ces régions commencent à ressembler aux habitats natals des espèces envahissantes, augmentant ainsi leurs chances de survie et de propagation. En même temps, les espèces indigènes sont repoussées de leurs aires traditionnelles, les rendant moins résistantes aux envahisseurs.

Exemple : Omble de fontaine contre omble à tête plate
Dans les montagnes Rocheuses, les truites mâles indigènes avaient autrefois un avantage concurrentiel dans les eaux plus froides. À mesure que les ruisseaux se réchauffent, les ombles de fontaine envahissants surpassent désormais les ombles à tête plate, poussant potentiellement l’espèce indigène à des altitudes plus élevées.

Gérer les menaces doubles

Les espèces envahissantes qui autrefois dépérissaient pendant les hivers froids dans des régions comme le Canada peuvent maintenant survivre toute l’année en raison de températures plus douces. Cela signifie que les méthodes de contrôle traditionnelles, telles que le recours à la mortalité hivernale ou aux herbicides, pourraient devenir moins efficaces. De plus, certaines espèces envahissantes développent une tolérance accrue aux herbicides à mesure que les niveaux de dioxyde de carbone augmentent, et les agents de lutte biologique pourraient devenir moins efficaces à mesure que les changements climatiques perturbent leurs interactions naturelles.

L’impact des changements climatiques sur les espèces indigènes

Les changements climatiques poussent également les espèces indigènes à se déplacer vers de nouveaux habitats à la recherche de conditions appropriées. Bien que ces changements puissent créer des défis, tels que de nouvelles interactions avec d’autres espèces, ils font partie de la résilience naturelle et ne doivent pas être confondus avec les espèces envahissantes, qui causent plus de dommages aux écosystèmes.

Exemple : Orignal et cerf de Virginie
À mesure que les températures augmentent, les cerfs de Virginie se déplacent vers le nord dans les habitats des orignaux, apportant des parasites qui causent des déclins significatifs de la population d’orignaux. Entre-temps, les orignaux se déplacent également vers le nord, ce qui pourrait déplacer les populations de caribous.

Cerf de Virginie sur une route enneigée

Que doit-on faire?

3 PRINCIPES CLÉS

Pour faire face aux menaces doubles des changements climatiques et des espèces envahissantes, trois principes clés devraient guider la recherche, les politiques et les stratégies de gestion :

Réduire

Réduire le risque que l’atténuation des changements climatiques aggrave la menace posée par les espèces envahissantes.

Intégrer

Intégrer les projections climatiques dans la gestion des espèces envahissantes.

Aligner

Aligner les stratégies d’adaptation au climat avec les objectifs de gestion des espèces envahissantes.

Reduce

Reduce the risk of climate change mitigation exacerbating the threat posed by invasive species.

Integrate

Integrate climate projections into invasive species management.

Align

Align climate adaptation strategies with invasive species management goals.

Saison des incendies de forêt 2023 et perspectives futures

L’impact des changements climatiques et des espèces envahissantes sur le régime des incendies au Canada

Les feux de forêt sont des perturbations naturelles qui jouent un rôle crucial dans la santé et le renouvellement des forêts. Cependant, des facteurs d’origine humaine tels que les changements climatiques, la sécheresse, les changements d’utilisation des terres et la propagation d’espèces non indigènes ont entraîné des incendies plus intenses, fréquents et répandus.

Incendies de forêt près d'une route

LA SAISON DE 2023 DES INCENDIES DE FORÊT CANADIENS ÉTAIT SANS PRÉCÉDENT.

En 2023, des incendies ont brûlé une superficie six fois plus grande que la moyenne historique. Les experts avertissent que les conditions à l’origine de ces événements d’incendie extrêmes – comme l’augmentation des températures et des paysages plus secs – sont susceptibles de s’aggraver dans les années à venir. En conséquence, le régime des incendies au Canada devrait évoluer davantage, entraînant des incendies de forêt plus fréquents, intenses et répandus à l’avenir.

CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET FEUX DE FORÊT

Les changements climatiques d’origine humaine créent des conditions qui alimentent des feux de forêt intenses et à grande échelle. Cela comprend :

  • Des précipitations estivales moins fréquentes, mais plus sporadiques
  • Des saisons d’incendie plus précoces et plus longues
  • Des changements dans les modèles de vent
  • Des éclairs plus fréquents
  • Des combustibles plus secs
  • Des températures estivales plus chaudes

Des espèces envahissantes et feux de forêt

LES ESPÈCES INVASIVES PEUVENT EXACERBER LES FEUX DE FORÊT

Les plantes non indigènes peuvent agir comme un combustible supplémentaire pour les feux de forêt, rendant les incendies plus rapides et plus intenses.

Les ravageurs forestiers envahissants comme l’agrile du frêne, le puceron lanigère de la pruche, la maladie hollandaise de l’orme et le dendroctone du pin ponderosa peuvent causer une mortalité arboricole généralisée. Ce bois mort agit comme un combustible idéal pour les feux de forêt.

LES FEUX DE FORÊT PEUVENT PROPAGER DES ESPÈCES INVASIVES

Après des incendies de forêt, les écosystèmes perturbés sont plus vulnérables aux espèces envahissantes. Ces espèces peuvent rapidement coloniser les zones brûlées, surpassant les plantes indigènes et modifiant davantage l’écosystème.

Les réponses humaines aux feux de forêt, telles que les zones de rassemblement (lieux temporaires pour les équipes, l’équipement et les ressources de lutte contre les incendies), les coupe-feux (une bande de terre dégagée qui agit comme une barrière à la propagation des incendies de forêt), le bombardement d’eau, etc. représentent souvent la plus grande menace pour la propagation des espèces envahissantes associées aux feux de forêt.

À l’avenir

Comprendre les impacts que les changements climatiques et les espèces envahissantes ont sur le comportement des feux de forêt est important pour éclairer les décisions de gestion. Les changements dans le régime d’incendie au Canada en raison des changements climatiques, ainsi que les stratégies de gestion des espèces envahissantes, doivent être pris en compte lors de l’évaluation et de la gestion du risque de feux de forêt. De nouvelles pratiques et des pratiques traditionnelles sont adoptées pour atténuer les impacts que les espèces envahissantes ont sur les futurs feux de forêt et les environnements post-incendie. Ces pratiques comprennent des brûlages prescrits/culturels, l’utilisation de biocontrôle, le pâturage ciblé et la restauration après un feu de forêt.

Avez-vous manqué la Conférence sur les feux de forêt, les changements climatiques et les espèces envahissantes de 2024?

Conférence 2024 sur les incendies de forêt, le changement climatique et les espèces envahissantes

Identifier des mesures pour atténuer les interactions destructrices entre les feux de forêt, les changements climatiques et les espèces envahissantes. Animé par le Conseil canadien sur les espèces envahissantes.

À la suite de saisons de feux de forêt sans précédent à travers le Canada et les États-Unis, la conférence sur les feux de forêt, les changements climatiques et les espèces envahissantes a réuni des experts, des innovateurs et des professionnels de premier plan pour une journée d’engagement et de partage de connaissances sans pareille. Plus de 20 conférenciers venus de partout au Canada et aux États-Unis ont partagé leurs recherches et leur expertise devant un public de plus de 300 personnes. Les participants représentaient le gouvernement, les praticiens, les organismes sans but lucratif, le milieu universitaire, les leaders autochtones et d’autres. Grâce à des discussions engageantes, au partage de connaissances et à la communication au-delà des frontières, cet événement a abordé certains des défis environnementaux les plus urgents auxquels font face nos forêts et nos communautés.